Ce n'est pas assez pour se prémunir contre une hypothétique deuxième vague de l'épidémie.
Est-on vraiment à l'abri d'une deuxième vague épidémique, après le déconfinement prévu au 11 mai ? Selon une étude de l'Institut Pasteur (an anglais), seuls 6,1% des habitants des Hauts-de-France auront été infectés par le Covid-19 d'ici là, ce qui représente près de 365 000 personnes. Au niveau national, 5,7% des Français auront été infectés au 11 mai, selon l'étude, soit 3,7 millions de personnes à l'échelle du pays.
Ce taux est bien inférieur à ceux des régions Île-de-France (12,3%) ou Grand Est (11,8%), mais supérieur aux autres régions. Le chiffre n'est pas du tout le même que celui communiqué chaque soir par l'Agence régionale de la Santé (ARS), qui comptait lundi près de 10 000 cas d'infection.
#COVID19 : selon une étude, près de 6% de la population française aura été contaminée par le SARS-CoV-2 au décours de la première vague épidémique. @institutpasteur @santeprevention @CNRS https://t.co/SUPrOTykl9
— Institut Pasteur (@institutpasteur) April 21, 2020
Cela s'explique par le fait que l'ARS ne fournit que les cas testés et confirmés, tandis que l'Institut Pasteur, en collaboratoin avec Santé publique France et l'Inserm, s'appuie sur des modélisations mathématiques et statistiques. En croisant différentes données, ces projections permettent d'estimer la part de population réellement touchée par le virus, sans qu'elle n'ait été testée.
Les limites de l'immunité collective
Il n'empêche que ce taux, au niveau régional comme national, est insuffisant ; parce que "pour que l'immunité collective soit suffisante pour éviter une deuxième vague, il faudrait 70% de personnes immunisées", indique Simon Cauchemez, auteur principal de l'étude, pour qui "on est très en dessous".
L'immunité collective, sur laquelle a d'abord misé le Royaume-Uni avant de se rétracter en craignant un trop grand nombre de mort dans le pays, consiste à laisser l'épidémie progresser – tout en protégeant les plus fragiles – jusqu'à ce qu'une majorité de la population soit immunisée, et que le virus ne puisse plus se propager.
Mais ce postulat part aussi du principe qu'une personne qui a contracté le Covid-19 y soit dès lors immunisé, ce qui n'a pas encore pu être prouvé scientifiquement. "Nous n’avons pas encore de preuve que les anticorps produits à la suite de l’infection par le SARS-CoV-2 soient capables de le neutraliser dans l’organisme", rappelait lundi Le Monde.
Dans tous les cas, il faudra rester très prudent le 11 mai et continuer à respecter les gestes barrières, si l'on ne veut pas assister à une deuxième vague dans les hôpitaux.